Mauvaise pub pour le télétravail. Alors que cette nouvelle forme d'organisation commence à être plébiscitée en France, par les associations, les salariés, les entreprises et les politiques, un amendement déposé par le député et porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre relance le débat. Télétravail, outil d'aliénation ou d'émancipation?
L'amendement, présenté au sein des articles « télétravail » de la proposition de loi « pour faciliter le maintien et la création d'emplois », vise à permettre aux salariés qui le souhaitent de poursuivre leur activité professionnelle à distance, dans certains cas où leur contrat est normalement suspendu (maladie, maternité). Il a été rejeté lundi soir lors de son examen en commission des Affaires sociales et doit être examiné mercredi 27 mai 2009 à l'Assemblée. Pour ses détracteurs, le texte est « parfaitement immoral et indécent ». Et pour Nathalie Kosciusko Morizet, secrétaire d'État à la prospective et au développement de l'économie numérique, « le gouvernement est défavorable à cet amendement ». Même le président du groupe UMP à l'Assemblée Jean-François Copé « n'a pas d'opinion ».
L'amendement en question ne serait-il pas pourtant qu'un arbre cachant la forêt? Le travail à distance n'est-il pas plutôt une tendance de fond? Selon une étude réalisée en 2005 par Monster.com et mentionnée par Nathalie Kosciusko-Morizet : « dans 19 pays européens, 80% des employés souhaiteraient télétravailler ». Une pratique qui serait bien plus répandue à l'étranger qu'en France, « où seuls 7% des salariés pratiquent le télétravail, principalement dans le secteur des services », poursuit-elle dans un communiqué.
Le travail à distance a bien des avantages : diversification des choix d'habitation, diminution du temps passé dans les transports, baisse des charges sociales (amendement Lefebvre) mais aussi et surtout, « du point de vue de l'intérêt général, cette pratique permet (... une) réduction des émissions de gaz à effet de serre et de la pollution grâce à la diminution des trajets ». D'ailleurs, il est au cœur du plan France Numérique 2012 et du Grenelle de l'environnement. Reste que le fait de ne plus « sortir du bureau » pourrait, également, devenir un problème (stay connected). Gare à celui dont le monde ne se résume qu'à son salon.