La rivalité entre les États-Unis et la Chine ne cesse de rappeler la Guerre Froide avec l'Union Soviétique © rustamxakim / Shutterstock
La rivalité entre les États-Unis et la Chine ne cesse de rappeler la Guerre Froide avec l'Union Soviétique © rustamxakim / Shutterstock

Les méthodes employées par la Chine et la Russie pour déstabiliser les démocraties occidentales font des émules. Pour preuve, même les États-Unis s'en inspirent.

On le sait désormais très bien, Internet n'est plus un bac à sable tranquille où l'on ne fait que s'échanger des vidéos amusantes et des articles de Clubic.com. Ce réseau est devenu l'une des artères les plus importantes de notre société, connectant non seulement la majorité des individus, mais également de nombreuses infrastructures critiques entre elles.

Il n'est donc pas surprenant que des gouvernements y consacrent des ressources de plus en plus importantes, tant à des fins défensives qu'offensives. Et, à ce petit jeu, tous les coups sont permis de part et d'autre du Pacifique.

Rendre la Chine encore plus paranoïaque

Et si la CIA, l'agence américaine de renseignement extérieur, se mettait elle aussi à cibler massivement les réseaux sociaux chinois ? C'est en tout cas ce que plusieurs sources proches du dossier ont déclaré à Reuters. Selon elles, dès 2019, l'administration Trump aurait autorisé une campagne clandestine de déstabilisation du Parti communiste sur Internet.

Cette ferme à trolls façon Big Mac aurait pris la forme d'une petite équipe qui, sous de fausses identités, aurait diffusé des propos négatifs sur des membres du PCC. La Nouvelle route de la soie, un projet international colossal entrepris par la Chine depuis plusieurs années, a également été ciblée, étant décrite comme une entreprise corrompue et gaspilleuse. Les sources précisent par ailleurs que toutes ces allégations étaient fondées sur des informations factuelles.

L'objectif de l'agence était avant tout de provoquer la paranoïa chez les responsables chinois, afin de les inciter à consacrer davantage de ressources à la protection de son territoire numérique. « Nous voulions qu'ils chassent des fantômes », a-t-on expliqué à Reuters.

Guerre froide 2.0

L'opération n'a toutefois pas restreint la CIA au territoire chinois. Tous les pays du monde où les deux premières puissances mondiales sont en compétition ont été concernés, dans le but de manipuler les opinions publiques susceptibles d'être influencées par la Chine. Selon les informateurs, l'opération s'est particulièrement concentrée sur l'Asie du Sud-Est, l'Afrique et le Pacifique Sud.

Si tout cela a un parfum de guerre froide, c'est normal : la technique utilisée ici est très proche de ce que faisaient les États-Unis lorsque leur rival était l'Union soviétique. Reuters rappelle que la CIA produisait jusqu'à 90 articles par jour pour déstabiliser cette dernière, allant même jusqu'à créer « un magazine d'astrologie en Allemagne de l'Est pour y publier des prédictions de mauvais augure sur les dirigeants communistes ».

Rien n'indique que l'administration Biden a mis fin à cette opération depuis son entrée en fonction. Toutefois, aux États-Unis, les nouveaux gouvernements n'ont pas l'habitude de remettre en cause ce type de campagne autorisée par l'ancien président. Il ne serait donc pas surprenant que ces trolls américains soient encore à la tâche. Et, de toute façon, les relations avec la Chine ne se sont pas vraiment réchauffées depuis 2021.

Reste à savoir comment le gouvernement de Xi Jinping réagira. Ces révélations pourraient se retourner contre Washington, et la Chine pourrait s'en servir pour discréditer son rival. Selon l'ancien analyste de la CIA Paul Heer, le message pourrait être le suivant : « Regardez les États-Unis intervenir dans les affaires intérieures des autres pays et rejeter les principes de coexistence pacifique ». « Et il y a des endroits dans le monde où ce message aura une grande résonance », explique-t-il.

Source : Reuters