Le déploiement de 200 terminaux Starlink à Mayotte pour restaurer les communications après le cyclone Chido n'est pas du goût de tout le monde. Orange, par exemple, déplore le manque de reconnaissance du gouvernement.

Starlink vole au secours de Mayotte © Hadrian / Shutterstock.com
Starlink vole au secours de Mayotte © Hadrian / Shutterstock.com

François Bayrou a annoncé lundi 30 décembre le plan « Mayotte debout », qui pour la partie technologique, mise sur la technologie satellitaire de Starlink d'Elon Musk pour rétablir les communications sur l'île, dévastée par le cyclone Chido mi-décembre. Si cette solution d'urgence s'accompagne d'un investissement public de 50 millions d'euros pour déployer la fibre optique sur place dans les deux ans, elle provoque l'incompréhension d'Orange.

L'opérateur, qui œuvre pour fournir une connexion aux habitants dévastés, déplore que ses efforts de reconstruction du réseau mobile n'aient pas été mentionnés par le Premier ministre.

Starlink à la rescousse de Mayotte : une solution d'urgence comme une évidence

L'île française de Mayotte, tristement frappée par le cyclone Chido à la mi-décembre, voit arriver une solution originale mais dans l'air du temps pour restaurer ses communications. Le gouvernement a en effet opté pour le déploiement de 200 antennes Starlink, la technologie satellitaire développée par SpaceX, l'entreprise d'Elon Musk.

L'infrastructure va être mise en place pour rapidement établir des points d'accès Wi-Fi pour la population, en attendant la reconstruction des réseaux traditionnels. Le choix de Starlink a semblé comme une évidence pour la France.

Le système a il faut dire déjà été éprouvé dans d'autres situations de crise, comme en Ukraine, grâce à sa constellation de minisatellites en orbite basse. La technologie présente d'autant plus l'avantage d'une mise en place rapide, ô combien cruciale dans un contexte où l'archipel souffre toujours de la destruction de son réseau ADSL, unique infrastructure Internet fixe disponible avant la catastrophe.

La solution satellitaire n'est cependant qu'une première étape. Car le gouvernement prévoit de déployer un réseau 5G d'ici juin 2025, et d'installer un réseau de fibre optique dans les deux années à venir, grâce à un financement public de 50 millions d'euros.

Mayotte, dévastée après le passage de Chido © Ministère de l'Intérieur / Sécurité civile
Mayotte, dévastée après le passage de Chido © Ministère de l'Intérieur / Sécurité civile

Le gros coup de gueule d'Orange

La décision du gouvernement Bayrou de mettre en avant Starlink provoque une sorte de déception chez… Orange, c'est peu de le dire. L'opérateur historique, qui a annoncé hier avoir restauré 75% de sa couverture mobile dans les zones les plus peuplées de Mayotte, comme Mamoudzou, Pamandzi et Dzaoudzi, déplore l'absence de reconnaissance de ses efforts dans le discours du Premier ministre.

Dans un message posté sur le réseau social X, Laurentino Lavezzi, le directeur des affaires publiques d'Orange, a vivement réagi et exprimé son incompréhension face aux choix gouvernementaux. Il rappelle notamment que « le réseau mobile Orange est passé de 25% de couverture de la population à 75% » en seulement dix jours. Et ce malgré des conditions difficiles pour les équipes sur place qui « doivent aussi s'affairer à calfeutrer leur habitat, à trouver à boire et à manger. »

Le dirigeant pointe du doigt la stratégie de déploiement du réseau Starlink, qu'il juge « bien moins couvrant et performant qu'un réseau mobile. » Plus concrètement, monsieur Lavezzi dénonce l'attribution prioritaire des générateurs électriques aux points d'accès Starlink, alors que « quatre générateurs électriques seulement » permettraient à Orange d'augmenter sa couverture de « 75 à 85% de la population. » Une situation qui, selon lui, « interroge sur la rationalité économique » de l'État et soulève des questions de « souveraineté numérique. »

Face à cette controverse, le ministre de l'Industrie et de l'Énergie, Marc Ferracci, a tenté d'apaiser les tensions en saluant publiquement l'investissement des techniciens mobilisés pour la reconstruction des réseaux. Une intervention qui souligne la complexité de la gestion post-catastrophe, où l'urgence de restaurer les communications se heurte aux enjeux de reconnaissance des acteurs traditionnels du secteur. La politique est partout, vraiment partout.