Parmi les dizaines de tweets quotidiens d'Elon Musk, l'un d'eux a particulièrement attiré l'attention ces derniers jours. Le milliardaire y appelait au désorbitage de la Station spatiale internationale (ISS) « d'ici à deux ans ». Et le timing de cette publication semble tout sauf anodin.

Les plans actuels prévoient une exploitation de l'ISS jusqu'en 2030, garantissant ainsi une présence américaine en orbite basse en attendant que des stations commerciales prennent le relais. Dans cette optique, la NASA a accordé, l'année dernière, un contrat à SpaceX d'une valeur de 843 millions de dollars. Objectif : désorbiter la Station Spatiale Internationale de manière contrôlée grâce à un véhicule basé sur la capsule Crew Dragon, afin de la diriger vers une zone inhabitée de l'océan Pacifique Sud.
L'agence spatiale exige que le dispositif soit livré au plus tard en mai 2029. Mais alors, pourquoi Elon Musk souhaite accélérer le processus, ce qui forcerait SpaceX à redoubler ses efforts en interne ?
Une dispute avec un astronaute européen
« Il est temps de commencer les préparatifs pour la désorbitation de la Station spatiale internationale. Elle a rempli sa mission. Elle n'a que très peu d'utilité supplémentaire. Allons sur Mars », a écrit l'entrepreneur. « La décision appartient au président, mais je recommande de le faire le plus tôt possible. Je recommande deux ans à partir de maintenant », a-t-il poursuivi dans un second tweet.
Or, quelques heures auparavant, Elon Musk fustigeait les propos d'Andreas Mogensen, astronaute de l'Agence spatiale européenne (ESA) qui s'est rendu à bord de l'ISS à bord d'une capsule Crew Dragon en 2023. Le Danois a en effet accusé le milliardaire de « mentir » après que celui-ci a déclaré que l'administration Biden avait délibérément laissé les astronautes Butch Wilmore et Suni Williams dans la station. Pour rappel, ils ont participé au premier vol habité de la capsule Starliner de Boeing, mais leur mission a été prolongée de plusieurs mois après plusieurs incidents, les poussant à revenir sur Terre à bord d'une Crew Dragon.
« Quel mensonge ! Et de la part de quelqu'un qui se plaint du manque d'honnêteté des grands médias », a asséné Andreas Mogensen. Il s'est, sans surprise, attiré les foudres d'Elon Musk, qui l'a insulté d'« idiot » et d'« attardé ». « Vous savez aussi bien que moi que Butch et Suni reviendront avec le Crew-9, comme prévu depuis septembre dernier. Même aujourd'hui, vous n'envoyez pas de vaisseau de sauvetage pour les ramener à la maison. Ils reviendront à bord de la capsule Dragon qui se trouve à bord de l'ISS depuis septembre dernier », a rétorqué l'astronaute.
Elon Musk fait de Mars sa priorité
Les tweets d'Elon Musk vont à l'encontre des recommandations des dirigeants américains. « L'abandon de l'orbite basse dans le cadre d'une tentative bien intentionnée mais malavisée de se concentrer uniquement sur la Lune ou uniquement sur Mars ne ferait que permettre à la Chine de combler ce vide, creusant ainsi un fossé entre les États-Unis et nos partenaires », indiquait le sénateur républicain Ted Cruz lors d'une conférence le 12 février dernier. Car les stations commerciales en préparation ne seront très probablement pas opérables d'ici là, tandis que l'Empire du Milieu possède d'ores et déjà sa station orbitale.
À noter, par ailleurs, qu'Elon Musk fait de Mars sa priorité absolue, notamment au travers du développement de Starship. Une ambition qui pourrait, aussi, expliquer son envie d'abandonner l'ISS plus rapidement. Jared Isaacman, entrepreneur proche du P.-D.G de SpaceX, devrait prochainement prendre la tête de la NASA. Reste désormais à voir de quel côté il penchera.
Source : Space News