L’Anses met en garde contre les compléments alimentaires contenant du Garcinia cambogia disponibles sur Internet. Ces produits présentent des risques avérés pour la santé, notamment des atteintes hépatiques et cardiaques, parfois graves. L’agence sanitaire recommande à toute la population d’éviter leur consommation en raison des effets secondaires constatés dans plusieurs pays.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) vient de sonner le tocsin en publiant une alerte sur les compléments alimentaires contenant des extraits de Garcinia cambogia. Cette plante, souvent présentée comme un « coupe-faim », est associée à des effets indésirables graves. Entre 2009 et 2024, plusieurs cas de complications ont été signalés, de l'atteinte hépatique aux troubles cardiaques.
La vente de ces produits se fait principalement en ligne, sans contrôle réglementaire strict. L’Anses insiste sur les dangers de ces suppléments et recommande leur interdiction. L’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) évalue actuellement les risques liés à l’ingestion d’acide hydroxycitrique, substance présente dans le Garcinia cambogia.
Plusieurs signalements confirment de graves risques sanitaires
Depuis plus de dix ans, des cas d’effets indésirables graves sont recensés en France et à l’étranger chez des consommateurs de Garcinia cambogia. L’Anses a enregistré 38 signalements en France entre 2009 et mars 2024, dont plusieurs hépatites aiguës. Un cas mortel a été rapporté en Italie, où une femme de 45 ans a succombé à une hépatite fulminante après avoir consommé un de ces compléments.
Les problèmes de santé observés touchent plusieurs organes. Des atteintes hépatiques, psychiatriques, digestives (pancréatites), cardiaques et musculaires (rhabdomyolyses) ont été diagnostiquées chez des personnes qui avaient consommé ces suppléments. Les risques sont présents même chez ceux qui ne présentent aucun antécédent médical. Certaines interactions médicamenteuses augmentent aussi la gravité des effets secondaires, notamment avec des antidépresseurs et des traitements affectant la fonction hépatique.
Le chef de l'unité d'évaluation des risques liés à la nutrition de l'Anses, Aymeric Dopter, rappelle qu’il est impossible de prédire qui sera touché. « Certaines personnes vous diront : "Moi j’en ai pris et tout va très bien". Tant mieux pour elles, mais d’autres ont vu leur santé se dégrader fortement, voire ont perdu la vie », explique-t-il. L’Anses juge donc que la consommation de ces produits représente un danger inacceptable et indique sur son site « déconseiller fortement la consommation de compléments alimentaires contenant cette plante ».

Pour pallier l'encadrement insuffisant, il faut une réglementation plus stricte
En France, Garcinia cambogia, ou tamarinier de Malabar est interdit dans les médicaments depuis 2012, mais reste autorisé dans les compléments alimentaires. Ces derniers sont commercialisés en grande partie sur Internet, où les contrôles sont limités. L’Anses souligne que les allégations de santé présentées sur ces produits – « contrôle du poids », « réduction du stockage des graisses », « contrôle de la glycémie » – n’ont pas encore été évaluées par l’EFSA. L’agence européenne réalise actuellement une expertise sur l’acide hydroxycitrique (AHC), molécule active du Garcinia cambogia, qui pourrait aboutir à une interdiction.
L'Anses préconise donc une harmonisation européenne des règles encadrant les compléments alimentaires. Elle recommande la mise en place d'une liste claire des plantes autorisées et des restrictions d’usage.
Les professionnels de santé commencent à réagir. Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques, a déclaré qu’il allait demander aux pharmaciens de retirer ces produits de la vente. « Je ne peux pas accepter qu’un produit dangereux soit vendu en pharmacie », affirme-t-il.
L'Anses rappelle également que toute perte de poids doit être encadrée par un professionnel de santé. L’agence met en garde contre l’utilisation de suppléments alimentaires sans supervision médicale et souligne l'importance d'une alimentation équilibrée pour une perte de poids sûre et durable.
On a hélas eu l'occasion de le constater, tout ce qui se vend sur Internet n'est pas sans danger. En France, récemment, la DGCCRF a tiré la sonnette d'alarme sur les piles bouton au lithium disponibles sur les marketplaces. Au niveau européen, on tente également de protéger les consommateurs et clients des boutiques d'e-commerce, comme lorsqu'une enquête de la Toy Industries of Europe a révélé que 9 jouets sur 10 vendus sur Temu étaient dangereux.