Le dernier satellite d'observation militaire CSO-3 a été mis en orbite jeudi par Ariane 6. Il offre aux forces armées françaises et à huit pays européens partenaires des capacités de renseignement géospatial certaines, pour leurs opérations de défense.

Ariane 6 a réussi le lancement du satellite CSO-3 © Torsten Pursche / Shutterstock
Ariane 6 a réussi le lancement du satellite CSO-3 © Torsten Pursche / Shutterstock

Le troisième et dernier satellite de la flotte CSO d'observation militaire française a été lancé avec succès le jeudi 6 mars depuis Kourou, lors du premier vol commercial d'Ariane 6. Cette mission, un temps reportée, vient compléter une constellation stratégique qui fournira des informations cruciales au Commandement de l'espace (CDE) et aux partenaires européens de la France, tout en représentant un jalon important pour l'industrie spatiale européenne.

CSO-3, un outil de renseignement stratégique pour les forces armées

Vous en avez beaucoup entendu parler, mais sans trop de précisions peut-être sur son utilité. En fait, le satellite CSO-3 (Composante Spatiale Optique) servira principalement aux missions de reconnaissance. Il complètera les opérations de CSO-1, avec lequel il partage une orbite à 800 km d'altitude. Ce positionnement orbital permet une couverture étendue et une capacité de revisite amplifiées, sur des zones d'intérêt stratégique. Ainsi, il offrira une surveillance continue des théâtres d'opérations.

Les utilisateurs principaux de ces données seront le Commandement de l'espace (CDE) de l'armée de l'Air et de l'Espace, ainsi que les différents services de renseignement militaire français, comme la Direction générale de l’armement (DGA).

Les images captées serviront directement à l'appui des opérations militaires, au renseignement stratégique et aux missions de ciblage. Et cela, comme le dit le ministère des Armées, renforce considérablement l'autonomie décisionnelle française.

L'agilité vantée comme exceptionnelle du satellite doit permettre aux analystes militaires d'obtenir rapidement des images de très haute résolution, aussi bien de jour comme de nuit, grâce à ses capteurs qui fonctionnent dans les spectres visible et infrarouge. Cette capacité est particulièrement précieuse pour l'identification de cibles de petite taille, et pour la surveillance de zones sensibles dans des conditions variées.

Le satellite CSO-3 en salle blanche chez Airbus © Avec l'amabilité d'Airbus
Le satellite CSO-3 en salle blanche chez Airbus © Avec l'amabilité d'Airbus

Une coopération européenne élargie pour le renseignement spatial

Le système comprend aussi un segment sol utilisateur qui permet l'interopérabilité avec les satellites radar allemands SARah, et les satellites italiens Cosmo-SkyMed Second Generation. Cette architecture intégrée offre aux états-majors une combinaison de différentes sources d'imagerie spatiale, qui enrichit considérablement leur compréhension situationnelle et leur capacité d'analyse des zones d'intérêt.

Le programme CSO s'inscrit, lui, dans une dimension européenne avec huit pays partenaires ayant signé des accords bilatéraux. On retrouve ainsi, dans l'ordre chronologique, l'Allemagne et la Suède (2015), la Belgique (2017), l'Italie (2019), l'Espagne (2021), la Suisse (2023), ainsi que la Pologne et la Grèce (2024). Chacune de ces nations bénéficiera d'un accès aux images selon les modalités de leurs accords respectifs.

Cette mutualisation des ressources spatiales montre en tout cas l'approche pragmatique de la coopération en matière de défense, plus que nécessaire. Surtout que les pays participants accèdent à des capacités d'observation qu'ils n'auraient tout simplement pas pu développer seuls. Tout cela contribuera à nourrir un réseau européen plus large d'échange de renseignement, avec la perspective d'anticiper de façon collective les crises.