Le « restaurant du futur » à la sauce KFC est en marche. La célèbre enseigne de restauration rapide a annoncé un partenariat avec la société russe Bioprinting Solutions. L'objectif : développer de la viande de poulet « imprimable » à partir de cellules et de matières végétales.
La volonté de la société, qui prévoit de recevoir un produit de test à l'automne espère ainsi réduire l'empreinte carbone issue de notre consommation de viande. Ce qui est sujet à débats.
Reproduire « la signature KFC »
KFC va ainsi fournir à la société de bio-impression des ingrédients tels que les épices ou la panure, qui forment ainsi selon la société « la signature du goût KFC ». Bioprinting Solutions devra alors y ajouter de la viande dite « cultivée », c'est-à-dire produite suivant la technique de la culture de cellules.
Sur son site, KFC précise ainsi : « 3D Bioprinting Solutions développe une technologie de bio-impression additive utilisant des cellules de poulet et du matériel végétal, lui permettant de reproduire le goût et la texture de la viande de poulet presque sans impliquer des animaux dans le processus ».
La société ajoute qu'« à l'heure actuelle, aucune autre méthode disponible sur le marché ne pourrait permettre la création de produits aussi complexes à partir de cellules animales ».
Eco-friendly, la viande cultivée ? Pas sûr
Pour justifier ce projet, KFC avance des motivations éthiques et environnementales, précisant que l'idée de fabriquer cette « viande du futur » est venue d'une demande grandissante en alternatives à la viande d'élevage et de méthodes de production alimentaires qui soient plus respectueuses de l'environnement.
L'enseigne cite ainsi une étude de l'American Environmental Science & Technology Journal. Selon cette dernière, le besoin en énergie pour la production d'une viande cultivée serait réduit de 45% vis-à-vis d'une viande d'élevage, ses émissions de gaz à effet de serre seraient réduites de 96% et l'espace nécessaire serait réduit de 99%. Alors que selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la consommation mondiale de viande doit doubler entre 2000 et 2050, les partisans de la viande cultivée estiment qu'il s'agit là de la seule alternative viable pour répondre aux nouveaux besoins.
Tous ne partagent toutefois pas ce constat. D'autres études concluent que la viande cultivée serait, au contraire, pire pour l'environnement. C'est notamment le cas d'une étude menée l'année dernière par une équipe de l'université d'Oxford. Selon celle-ci, les études précédentes ont fait l'erreur de considérer tous les gaz à effet de serre comme équivalents dans leur impact sur le climat, mêlant CO2 et méthane. En distinguant les deux, Marco Springmann, l'un des auteurs de l'étude, estime que l'empreinte carbone d'une viande de poulet cultivée serait en réalité cinq fois supérieure à celle d'une viande d'élevage.
Cette viande de laboratoire est encore au stade de l'expérimentation. Elle n'a pas encore atteint le stade de la production à grande échelle, qui doit réduire considérablement son coût auprès du grand public. L'enjeu est de taille : selon les Nations Unies, l'élevage est responsable de près de 15% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.