Alors que le groupe Bertelsmann réfléchit à se séparer de M6, Altice ferait partie des repreneurs potentiels.
L'information fait grandement parler ces derniers jours. Le groupe allemand Bertelsmann, propriétaire de RTL Group, étudierait la possibilité de céder M6, selon les informations exclusives obtenues par l'agence Reuters. Le montant de l'opération serait de l'ordre de 3 milliards d'euros. Mais de l'idée à la consolidation des médias, il y a plus qu'un pas. Outre l'empire des télécoms Altice, le groupe Vivendi et même TF1 se laisseraient bien tenter par une acquisition.
Vivendi et Altice, des intérêts logiques
Parmi les candidats potentiels à la reprise du groupe M6, on retrouve Vivendi. Le mastodonte français des médias, qui a signé un accord de cession pour le groupe de presse Prisma Media (Femme Actuelle, Gala, Ohmymag, Voici, GEO, Capital, Business Insider France, Télé Loisirs, etc.), qui appartenait aussi à Bertelsmann, a donc été approché par le groupe allemand pour lui céder sa participation majoritaire dans le groupe M6.
Le groupe M6, fondé en 1987, est une vraie galaxie dans le paysage audiovisuel français. Véritable concurrent de TF1 parmi les acteurs privés, le groupe dirigé par l'ancien patron des Girondins de Bordeaux Nicolas de Tavernost possède de nombreuses marques à la télévision (M6, W9, Gulli 6ter, Paris Première, Téva), comme à la radio (RTL, Fun Radio, RTL2), au cinéma (M6 Films, M6 Studio, etc.) ou sur Internet (Golden Network et ses marques).
Le groupe Altice, qui possède SFR et aussi le groupe NextRadioTV (BFM TV, BFM Business, RMC, RMC Story, RMC Découverte, RMC Sport, le Groupe 01, etc.), a aussi été sondé, mais n'a pour l'instant pas commenté l'information.
L'intérêt potentiel d'Altice pour M6 n'est pas étranger à celui de… TF1, la filiale d'un certain Bouygues. Mais pour chacune des parties, les discussions ne sont aujourd'hui qu'à « un stade très préliminaire », puisque pour le moment, aucune banque n'a été mandatée par Bertelsmann. Le groupe italien Mediaset et le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, dont les participations prennent chaque année un peu plus d'ampleur en France, sont aussi sur la liste. L'homme d'affaires est monté à hauteur de 10% du capital de Casino (qui possède Cdiscount) il y a quelques mois. Il est aussi actionnaire minoritaire du Monde et possède les titres de presse lâchés par Arnaud Lagardère en 2019 (Télé 7 Jours, Public, Ici Paris, Elle et France Dimanche).
Une consolidation des médias attendue
Bertelsmann, qui a pour projet de renforcer sa présence aux États-Unis, souhaite obtenir une manne financière peut-être un peu trop présomptueuse. S'il est l'actionnaire le plus imposant, le groupe allemand ne possède toujours « que » 48% d'une entreprise valorisée à « seulement » 1,86 milliard d'euros au 1er février 2021. L'effet d'annonce a en tout cas fonctionné, puisque la valeur du groupe M6 a bondi d'environ 10% en Bourse entre vendredi et lundi.
Bertelsmann soutient, à raison d'ailleurs, qu'une cession de ses parts à un autre groupe de médias, français de surcroît, contribuerait à la naissance d'un grand groupe national. La multiplication de telles opérations en Europe permettrait de faire face avec un peu plus de poids aux géants du numérique, parmi lesquels les piliers du streaming vidéo mondial, comme Netflix ou Prime Video.
M6, comme d'autres acteurs français du secteur, reste friable. Sur les neuf premiers mois de 2020 (le bilan du quatrième trimestre n'ayant pas encore été publié), l'entreprise a vu son chiffre d'affaires publicitaire, source majeure de ses revenus, plonger de 17,5%.
Source : Reuters