2014 : le début de la fin du Freemium ?

Anicet Mbida
Publié le 24 janvier 2014 à 18h17
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Chaque semaine, Anicet Mbida nous livre son avis sur l'actualité numérique.
Il était une fois, un modèle économique presque idéal : le Freemium. Comme le gratuit, il permet l'acquisition rapide d'un grand nombre d'utilisateurs. Comme que le payant, il garantit un chiffre d'affaires conséquent et même des revenus récurrents. Tout l'art étant, évidemment, de convertir les usagers gratuits en usagers payants.

Mais depuis quelques mois, plusieurs chantres de ce modèle font machine arrière. Fin décembre, Sugarsync, l'outil de synchronisation de fichiers, tire un trait sur la partie « Free » du Freemium. Début janvier, Droplr, le service de partage de fichiers, lui emboîte le pas. Enfin, cette semaine, LogMeIn, l'outil de contrôle à distance, décide d'abandonner, lui aussi, son option gratuite. Comme ses camarades, il conserve une période d'essai d'une semaine ou de 30 jours. Mais après, basculer sur un abonnement payant devient obligatoire.

Que se passe-t-il ? Le Freemium aurait-il trouvé ses limites avec les services en ligne ? Ne serait-il finalement qu'un gouffre financier où une majorité se contente de l'offre gratuite ? Aucun des intéressés n'ose encore l'affirmer publiquement. Chez Droplr ou SugarSync, on préfère manier la langue de bois : « Cela nous permet de peaufiner le service pour mieux répondre aux besoins de nos clients. » LogMeIn, n'a pas d'explication plus convaincante : « le marché du contrôle à distance est arrivé à maturité. » Il ne serait donc plus nécessaire de le stimuler avec du gratuit.

Une génération habituée à la gratuité

En abandonnant le Freemium, tous espèrent en réalité forcer la main des utilisateurs et les inciter à payer. Mais le pari semble aussi ambitieux que risqué. Une fois habitué à la gratuité d'un service, il est difficile de passer à la caisse. En témoigne les réactions sur notre forum après le revirement de LogMeIn. Quasiment personne ne pense à payer. Tous recherchent une alternative... gratuite évidemment.

Ces services sont pourtant très gourmands en stockage et en bande passante. Impossible d'imaginer qu'ils survivent longtemps avec peu d'entrées d'argent. Dropbox par exemple. Il fanfaronne avec ses 200 millions d'utilisateurs, mais refuse de dire combien paient. Même mutisme chez Box, très agressif pour recruter de nouveaux usagers. Beaucoup plus discret pour parler rentabilité. Jusqu'ici ces services sont tenus à bout de bras par leurs investisseurs. Mais jusqu'à quand ? Après tout, même Google a fini par supprimer l'option gratuite de ses Google Apps.

Ce début de tendance va-t-il se confirmer ? Nous le verrons dans quelques mois. Mais si d'autres services abandonnent le Freemium, c'est toute une génération d'internautes habitués à la gratuité qui risque d'être déstabilisée.
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