Le PSG aurait orchestré une campagne de propagande sur Twitter grâce à une armée de trolls, levée par une agence de communication.
Mediapart a publié une enquête accablante sur les pratiques du Paris Saint-Germain, qui aurait eu recours aux services d'une agence externe dont la mission était de lui créer une « armée numérique » de trolls. Ceux-ci étaient chargés de défendre sur les réseaux sociaux la réputation du club et de s'attaquer à ses détracteurs.
Mbappé et Rabiot pris pour cible
Le PSG aurait ainsi utilisé une multitude de faux comptes Twitter, dont certains sont devenus très influents, pour servir ses intérêts. C'est la société Digital Big Brother, enregistrée à Barcelone, qui a mis en œuvre la stratégie du club parisien. Selon le rapport de 50 pages que s'est procuré Mediapart, cette entreprise faisait office d'exécutante, mais c'est le service communication du PSG qui supervisait les opérations. Au moment des faits, entre 2018 et 2020, Jean-Martial Ribes, l’un des plus proches collaborateurs de Nasser al-Khelaïfi, le président-directeur général du club omnisports Paris Saint-Germain, était à sa tête.
Kylian Mbappé a été l'une des cibles de cette campagne quand, en mars 2019, des rumeurs ont fait état d'un potentiel départ au Real Madrid. Il est ensuite égratigné quelques mois plus tard à la suite de son discours de vainqueur du trophée de meilleur joueur de la Ligue 1, lors duquel il évoque la possibilité de quitter le club. « Les supporters parisiens t’aiment beaucoup, tu le sais… T’as fait passer ton "message" ce soir, et quel timing !? Si tu pouvais presser comme ça sur le terrain… », publie notamment un compte recensant des milliers de followers.
Des attaques plus virulentes ont ciblé Adrien Rabiot et sa mère Véronique, lorsque le milieu de terrain est parti libre du PSG pour rejoindre la Juventus Turin. « Gros FDP », « Sale traître », « Enfant de p***** », « Il n’a pas les couilles de dégager sa mère qui lui dicte tout et envoie sa carrière dans le mur » : voici un florilège de messages publiés par des comptes trolls du PSG.
Les affaires Neymar
Le PSG est aussi accusé d'avoir lancé une attaque numérique secrète à l'encontre d'un jeune supporter du Stade Rennais qui avait reçu une gifle de la part de Neymar en finale de la Coupe de France. La victime subit alors une violente campagne de cyberharcèlement à laquelle aurait largement contribué le PSG, sous couvert de faux comptes, en révélant son identité sur Twitter et en le qualifiant de délinquant. Toujours pour protéger Neymar, ces comptes ont tenté de salir la réputation d'une jeune femme accusant le joueur brésilien de viol.
Mediapart affirme également que l'armée de trolls du PSG a servi à dénigrer les médias qui n'allaient pas dans le sens du club, à commencer par Mediapart lui-même et L'Équipe.
Le Paris Saint-Germain a réagi en indiquant que « le club n’a jamais contracté avec une agence afin de nuire à des individus et à des institutions ». Un choix de mots habile, souligne Mediapart, car le PSG et Digital Big Brother n'auraient en effet jamais signé de contrat, pour rester discrets…
Source : Mediapart