Les géants américains de la Tech et l'Union européenne vont pouvoir échanger plus directement à l'avenir, sur les questions réglementaires notamment.
Pour apaiser deux blocs en tension dans un contexte réglementaire assez touffu, l'Union européenne et la Silicon Valley ont eu la bonne idée d'ouvrir une sorte d'ambassade, révèle Politico, qui dès la rentrée permettra aux géants Google, Meta, Apple, Amazon et autres acteurs des Big Tech de discuter plus directement de l'évolution de la politique européenne dans le numérique.
Un ambassadeur européen du numérique dans la Silicon Valley
L'Union européenne ouvrira son nouveau bureau californien dès le 1er septembre 2022, du côté de San Francisco. À sa tête, on retrouvera Gerard de Graaf, bien connu du côté de la Commission européenne, qui à 60 ans, va devenir le tout premier ambassadeur européen de la technologie en Californie.
Jusqu'à maintenant, il était rattaché à la DG Connect de Bruxelles, luttant contre le lobbying des géants du numérique et participant à l'élaboration de certains textes de régulation. Gerard de Graaf sera rattaché, depuis la Silicon Valley, au département diplomatique de l'Union européenne, qui prend cette initiative très au sérieux.
Il ne faut pas oublier que l'Union européenne a adopté récemment le Digital Markets Act (DMA) et le Digital Services Act (DSA). Ces deux textes aideront, à compter de leur entrée en vigueur prévue l'année prochaine, à dessiner le futur de la régulation numérique, permettant notamment une meilleure modération des contenus violents et haineux. Ils visent également à instaurer une lutte plus efficace contre les abus de position dominante et les pratiques anticoncurrentielles allant à l'encontre des intérêts des entreprises et des consommateurs, et des sanctions plus importantes en cas de manquement(s).
Un rôle tampon pour ménager la chèvre et le chou
Si les textes vont bel et bien entrer en vigueur, des détails sont encore à régler et une négociation à la fois cordiale et constructive doit être menée entre les grands acteurs technologiques américains et les autorités européennes. À double sens évidemment. Telle sera la principale mission du bureau californien de Gerard de Graaf, qu'il ne faut surtout pas sous-estimer. De Graaf a eu une influence très importante dans la naissance des derniers règlements, et il a une large expérience du marché américain, maîtrisant parfaitement les codes du commerce électronique et numérique.
On sait aussi désormais qu'il ne s'agit pas du seul lien entre le bloc nord-américain et la zone européenne, mais aussi du lien qui unit l'UE au reste du monde. De grands pays comme le Japon, l'Inde ou encore le Brésil ont calqué leurs dernières réglementations en matière de numérique sur celles du Vieux continent, s'inspirant du RGPD notamment. Les enjeux sont donc considérables.
L'Union européenne pourrait ainsi se servir de ce bureau comme d'un curseur entre une juste réglementation et une bonne entente avec les géants du numérique, qui aux yeux des dirigeants de la zone restent d'importants créateurs d'emplois et de richesse.
Source : Politico