Les chercheurs Yann LeCun, Geoffrey Hinton et Yoshua Bengio viennent de recevoir le prix Turing, l'équivalent du Prix Nobel d'informatique, pour leurs travaux magistraux dans le développement de l'intelligence artificielle.
Cette récompense couronne aussi bien les travaux de longue haleine de l'équipe de chercheurs que le domaine de l'intelligence artificielle lui-même. Ce prix prestigieux, baptisé Turing en hommage au mathématicien Alan Turing, l'un des pères emblématiques de l'informatique et de l'intelligence artificielle, revient ainsi cette année au français Yann LeCun et aux canadiens Geoffrey Hinton et Yoshua Bengio pour leurs percées dans le domaine du deep learning.
Un prix récompensant des décennies de recherches en IA
Ce sont des travaux vieux de presque vingt ans qui viennent d'être récompensés par le prix Turing. Entre les années 1990 et 2000, les recherches en IA basées sur les réseaux de neurones « avaient perdu tout intérêt aux yeux de la communauté scientifique », explique Yann Lecun dans The Verge.Il a fallu des décennies pour que le groupe de chercheurs soit enfin reconnu et récompensé dans ses apports révolutionnaires pour l'IA : Geoffrey Hinton a ainsi débuté ses travaux sur les algorithmes « d'apprentissage automatique » dès les années 1970, avant d'être rejoint dans les années 1980 par Yann Lecun à l'université de Toronto, puis par un chercheur du MIT, Yoshua Bengio.
Après la traversée du désert, il reste encore des « montagnes à gravir »
De l'indifférence aux moqueries, le groupe de chercheurs ne cache pas que le sujet de l'IA a longtemps été « tabou ». Un tabou qu'ils se sont efforcés de combattre au fil des années en invitant le public à apprécier le sujet de l'IA : « On a régulièrement organisé des réunions, des ateliers, des summer schools pour les étudiants », explique LeCun. Ce qui a permis de constituer une petite communauté, qui a explosé à partir des années 2012 et 2013. Et pour cause, l'intérêt des GAFA pour l'IA a fait de ce domaine un eldorado de création de valeur, surtout en puisant dans la big data.Si le prix Turing couronne enfin ces efforts de recherche de longue haleine dans le domaine de l'IA, l'équipe qui sera récompensée le 15 juin de ce prix prestigieux reste modeste : « Il reste encore une cinquantaine de montagnes à gravir, dont celles que l'on n'aperçoit même pas encore. [...] Nous n'en avons gravi qu'une seule, peut-être deux ».