Thales a inauguré, jeudi, un centre de cyberdéfense à Rennes, terre de cybersécurité, pour renforcer son arsenal contre les menaces numériques, ce qui n'est pas de trop, dans ce contexte géopolitique tendu.

Le mastodonte français et mondial Thales a inauguré, le jeudi 6 mars 2025, un tout nouveau centre de cyberdéfense à Rennes. L'installation, qui accueillera près de 200 experts, vient compléter les activités de cybersécurité souveraine du groupe déjà présentes à Toulouse, Cholet et Gennevilliers. L'implantation n'a pas été pensée au hasard, puisqu'elle se fait près du site breton de l'ANSSI. Elle entend renforcer la posture défensive et résiliente de la France face aux menaces cyber toujours plus sophistiquées.
Un investissement majeur de Thales, mais pas que, pour la cyberdéfense française
Dans le détail, l'infrastructure rennaise s'étend sur près de 4 hectares et ses locaux sont vantés comme hautement sécurisés et classifiés. Elle était en tout cas l'une des priorités définies par la Loi de Programmation Militaire 2024-2030, qui élève la cyberdéfense au rang de priorité stratégique nationale. Lors de son inauguration jeudi, Christophe Salomon, le directeur général adjoint des Systèmes d'information et Communication sécurisés de Thales, a d'ailleurs souligné l'importance de « protéger au mieux les infrastructures critiques ».
La cérémonie s'est déroulée en présence de représentants de la Région Bretagne, du COMCYBER, de l'ANSSI et de la DGA. On peut y voir ici une sorte d'union sacrée entre les secteurs public et privé, qui témoigne de la volonté de bâtir un écosystème cyber robuste, capable de répondre aux défis sécuritaires contemporains, et ils sont nombreux !
Le nouveau site mettra particulièrement l'accent sur la lutte informatique défensive, domaine crucial pour contrer les attaques visant les infrastructures nationales critiques. Thales, qui est implantée en Bretagne depuis 1983, renforce au passage sa présence dans une région qui compte déjà 3 050 collaborateurs du groupe, répartis sur six sites à Rennes, Brest et Étrelles.
Des technologies de pointe au service de la souveraineté numérique
L'inauguration du centre fut l'occasion de mener plusieurs démonstrations pour Thales, qui a pu montrer son savoir-faire en cyberdéfense, notamment avec sa plateforme Cybels Analytics. Cette dernière, intégrée au Nexium Defense Cloud (une solution cloud adoubée par l'OTAN), permet de détecter rapidement des cyberattaques, en temps réel même. L'intérêt est d'améliorer la réactivité tactique des forces armées face aux menaces, d'où qu'elles viennent.
Le groupe a également présenté son approche Data Centric Security, un concept adopté par l'OTAN qui privilégie la protection des données elles-mêmes plutôt que celle du réseau. D'autres innovations ont aussi été dévoilées, comme une démonstration avec SECLAB (une entreprise de cybersécurité) sur la sécurisation des flux d'informations militaires, ainsi qu'une présentation du CESTI (le Centre d'évaluation de la sécurité des technologies de l'information), sur l'évaluation de la sécurité des solutions d'intelligence artificielle.
Ce qui est certain, c'est qu'avec ses 5 800 experts cyber répartis dans 68 pays, le Français Thales, qui sera énormément sollicité ces prochaines années avec la menace russe, se positionne désormais parmi les cinq premiers acteurs mondiaux de la cybersécurité.
Sa montée en puissance s'est accélérée ces dernières années, notamment grâce aux acquisitions de Gemalto et d'Imperva. Le groupe, qui investit chaque année près de 4 milliards d'euros en R&D, affiche clairement son ambition de jouer un rôle de premier plan dans la protection des infrastructures numériques critiques civiles et militaires.
05 mars 2025 à 09h46