Début mars, TSMC a annoncé un investissement majeur aux États-Unis : 100 milliards de dollars vont venir s'ajouter au 65 milliards déjà investit dans le pays de l'Oncle Sam afin de développer encore son site en Arizona. Une annonce particulièrement mal vécue à Taïwan ; on vous en dit plus.

L'investissement colossal de TSMC fait tourner les têtes à Taïwan © Fiers / Shutterstock
L'investissement colossal de TSMC fait tourner les têtes à Taïwan © Fiers / Shutterstock

L'annonce de l'investissement de 100 milliards de dollars de TSMC pour développer son site en Arizona ne passe pas inaperçue. Pour le fabricant taïwanais de semi-conducteurs, cette décision s’inscrit dans une logique d’expansion stratégique aux États-Unis, sous la pression du gouvernement de Donald Trump. Les critiques, souvent sévères, ont rapidement fusées à Taïwan.

Des accusations de trahison ont été formulées par certains analystes et politiques de l’île, qui dénoncent cette initiative comme un signe de soumission à la volonté américaine, au détriment des intérêts de Taïwan.

Une polémique qui enfle, et ne fait que commencer…

Depuis l'annonce du géant de l'électronique, les critiques sont particulièrement virulentes sur l'île de Taïwan. L'idée que TSMC, symbole de la puissance technologique taïwanaise, puisse se soumettre à des intérêts étrangers choque une partie de la population, d'autant plus que certains l'accusent de devenir une branche de l’industrie américaine, l'entreprise étant même surnommée "USMC" par ses détracteurs.

Les critiques vont jusqu’à accuser le Parti Progressiste Démocratique (PPD), actuellement au pouvoir à Taïwan, d’avoir "trahi" l’île en permettant à TSMC de fabriquer des puces en 2 nm à l'étranger, notamment aux États-Unis. Selon ces observateurs, la décision d’étendre les capacités de production de TSMC en Amérique n’est pas uniquement motivée par des considérations économiques, mais par une volonté stratégique de répondre aux besoins géopolitiques des États-Unis, dans le contexte d'une rivalité croissante avec la Chine.

Le professeur Zhu Songling de l’Université de l'Union de Pékin sonne l'alarme. Il avertit que cette orientation pourrait mener à une absorption progressive de TSMC par les États-Unis : « TSMC pourrait progressivement être absorbé par les États-Unis, qui cherchent à contrôler la production de puces à travers le monde ».

Il estime que cette situation pourrait marquer un tournant dans la dynamique géopolitique de la région et affaiblirait la position de Taïwan sur la scène internationale. Dans ce cadre, l’implication de TSMC dans des projets américains pourrait être perçue comme un signe de dépendance accrue envers les États-Unis, réduisant la capacité de Taïwan à maintenir son indépendance économique et technologique.

Un impact limité sur la production de Taïwan ?

Malgré ces critiques, d'autres observateurs estiment que les conséquences de l’expansion américaine de TSMC pourraient être moins dramatiques qu’elles ne le paraissent. Selon les premières évaluations, même si l'investissement de 100 milliards de dollars est colossal, l'implantation de TSMC aux États-Unis ne devrait représenter que 5 à 7 % de la production totale de l'entreprise. En d’autres termes, l'essentiel de la production de semi-conducteurs de TSMC restera concentré à Taïwan, garantissant ainsi le maintien de l’industrie sur l'île.

Cela contraste avec la situation d'Intel, dont les activités de fonderie et de conception de puces pourraient être cédées. Justement… TSMC et Broadcom seraient les deux acteurs les plus crédibles dans ce scénario. Alors que TSMC garde une grande partie de sa production à Taïwan, Intel pourrait transférer une partie de ses capacités à des entreprises extérieures. Cette différence souligne bien, selon nous, l'engagement de TSMC à maintenir son indépendance tout en répondant aux besoins du marché américain.

En fin de compte, bien que cette annonce soulève des tensions, il reste à voir si l’expansion de TSMC aux États-Unis entraînera réellement une perte de pouvoir pour Taïwan. La situation est complexe et les véritables répercussions ne se feront sentir que dans les années à venir.