La France est en bonne voie pour rejoindre le plus ambitieux projet de radioastronomie jamais conçu, SKAO, qui pourrait révolutionner notre compréhension de l'Univers. Le Sénat a adopté un projet de loi en ce sens.

La France s'apprête à rejoindre le projet de radiotélescope géant SKAO © ivan canavera / Shutterstock
La France s'apprête à rejoindre le projet de radiotélescope géant SKAO © ivan canavera / Shutterstock

Le Sénat français a adopté, mercredi et sans modification en première lecture, le projet de loi qui permettra à la France d'adhérer au Square Kilometre Array Observatory (SKAO). Ce radiotélescope géant veut révolutionner notre compréhension de l'Univers, grâce à sa surface collectrice équivalente à un kilomètre carré. Le projet, dont la construction est déjà en cours en Australie et en Afrique du Sud, permettra aux quelque 400 astrophysiciens français d'accéder à des données d'observation sans précédent.

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Vous l'ignorez peut-être, mais le SKAO représente l'un des projets scientifiques les plus ambitieux jamais entrepris dans le domaine de la radioastronomie. Composé de deux réseaux d'antennes radio fonctionnant en mode interférométrique, il doit s'étendre sur plusieurs dizaines de kilomètres en Australie (pour les basses fréquences) et en Afrique du Sud (pour les moyennes fréquences).

L'infrastructure internationale, dont le siège est basé au Royaume-Uni près de Manchester, réunit déjà dix pays membres, dont l'Afrique du Sud, la Chine, l'Australie et le Royaume-Uni. D'où l'intérêt de ce projet de loi, présenté en Conseil des ministres il y a plusieurs mois par Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, adopté par le Sénat le 12 mars 2025.

Dès sa mise en service, prévue en 2029, le SKAO permettra d'étudier des questions scientifiques fondamentales, allant de la naissance de l'Univers aux origines de la vie. Les chercheurs pourront notamment observer la formation des premières étoiles après le Big Bang, l'évolution des galaxies, et même détecter des ondes gravitationnelles primordiales.

L'adhésion au projet coûtera à la France 48 millions d'euros

Au-delà des avancées scientifiques, l'adhésion de la France au SKAO représente un certain investissement dans les technologies de pointe. Le radiotélescope produira un volume de données comparable au trafic internet actuel, qui nécessite des solutions innovantes en matière de traitement et de stockage d'informations.

La contribution française, qui a été estimée à 48 millions d'euros sur la période 2022-2030, générera des retombées économiques significatives. Les entreprises françaises bénéficieront d'un retour industriel dans des domaines de pointe comme la production d'énergie renouvelable, les infrastructures de calcul haute performance et le traitement des données massives.

Le projet offre un terrain d'innovation pour relever des défis environnementaux majeurs. Les solutions développées pour alimenter les antennes en zone désertique, avec un impact carbone minimal, pourront être appliquées à d'autres secteurs. La France, responsable de la réalisation des centres de calcul et de données en Afrique du Sud et en Australie, compte y jouer un rôle de premier plan.

Après son adoption par les sages du Palais du Luxembourg, le texte, qui pourrait permettre à la France d'intégrer le projet, doit maintenant être examiné par l'Assemblée nationale.