Le Gram servira en même temps la farouche pulsion d'indépendance anti-système de son patron Pavel Dourov, qui conserve un souvenir cuisant de ses relations passées avec les institutions financières traditionnelles.
Blockchain de troisième génération
La messagerie chiffrée Telegram est dans les starting-blocks. D'après des documents techniques internes très précis que s'est procurés Techcrunch, elle nourrit le projet de lancer sa propre plateforme de gestion d'une cryptomonnaie. Un moyen pour Telegram d'équiper de manière audacieuse sa messagerie d'un moyen de paiement, et plus encore.Cette blockchain portera le nom de TON, comme Telegram Open Network. Les ingénieurs de Telegram la décrivent comme une blockchain de troisième génération après, dans l'ordre, Bitcoin et Ethereum. Moins gourmande en énergie, elle sera aussi plus efficace, capable de gérer des millions de transactions simultanément. Pour s'assurer du meilleur décollage possible du Gram, la monnaie virtuelle qui sera gérée par sa blockchain, Telegram mise sur une ICO (initial coin offering, une levée de jetons) en deux temps.
Rapidement, une monnaie de référence ?
La première levée, de 500 millions de dollars, permettra à une poignée de gros investisseurs d'acheter une première fournée de jetons à tarif préférentiel. Une fois la confiance installée, l'ICO publique sera lancée, et atteindra jusqu'à 5 milliards de dollars, espère Pavel Dourov, le charismatique cofondateur en 2013 de Telegram. Il a comme atout la communauté de 180 millions d'utilisateurs de Telegram, tous usagers captifs en puissance du Gram. Un public de surcroît plutôt réceptif au concept de cryptomonnaie.Le potentiel d'une cryptomonnaie adossée à un réseau social est énorme : Telegram a en tête le précédent de WeChat, dont la fonction de paiement a quasiment balayé l'argent papier en Chine. Décentralisé par la blockchain, le Gram offrira en plus anonymat et confidentialité aux transactions, rendues par ailleurs totalement gratuites. Des qualités précieuses dans certains pays, comme l'Iran, dans lequel Telegram est installé parfois sur presque 50 % des smartphones. Le Gram revêt enfin une importance politique pour le CEO de Telegram, Pavel Dourov : ce dernier est très soucieux de la préservation de son indépendance, depuis qu'il s'est fait évincer de sa précédente société, le réseau social russe VKontakte (VK).