Responsables des marées vertes, les ulves (surnommées « laitue de mer ») sont redoutées pour leur impact sur l'environnement et les activités touristiques. Mais elles pourraient être utilisées comme sources de biomolécules utiles aux activités humaines.
Une équipe internationale de chercheurs est en effet parvenue à identifier une bactérie marine ayant la capacité de décomposer les ulves, et de les transformer en molécules intéressantes, ou en source d'énergie. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Nature Chemical Biology.
Les ulves gênantes, mais riches en biomolécules
La « laitue de mer » est constituée d'ulves, des algues naturellement présentes sur les côtes françaises, qui parfois prolifèrent en raison de l'excès de nutriments issus des activités agricoles, et s'amoncellent en d'énormes quantités sur nos plages. Un phénomène connu du grand public comme la « marée verte », qui a un impact négatif sur l'environnement et sur l'industrie touristique.Pendant longtemps, les chercheurs ont tenté de trouver un débouché à ces algues, qui représentent un réservoir prometteur de biomolécules. En particulier l'ulvane, principal composant des ulves, qui est un sucre intégré aux parois des algues et représentant jusqu'à 30 % de leur poids.
Toutefois, l'exploitation biotechnologique et commerciale de l'ulvane n'a jamais abouti, du fait du manque de connaissances sur les mécanismes permettant de décomposer ces végétaux. Le processus naturel de dégradation par la chaîne alimentaire marine était resté un mystère.
Une bactérie marine capable de les décomposer
Récemment, un consortium international de chercheurs, membres de la station biologique de Roscoff (CNRS et Sorbonne Université) et de plusieurs universités allemandes et autrichiennes (Brême, Greifswald, et Vienne), est parvenu à élucider le mécanisme naturel de dégradation de l'ulvane par une bactérie marine très répandue : Formosa Agariphila.Cette bactérie dispose d'un complexe système enzymatique ayant la capacité de transformer l'ulvane en divers sous-produits, qui pourraient servir notamment à la production de bioéthanol, même si les scientifiques estiment que ce procédé ne serait pas économiquement rentable à l'heure actuelle. Heureusement, d'autres débouchés sont jugés plus prometteurs !
Plusieurs débouchés économiques intéressants
L'exploitation des algues vertes ouvre des perspectives intéressantes dans l'industrie agroalimentaire, le secteur de la santé et celui des cosmétiques, car les enzymes de cette bactérie marine permettent d'obtenir d'autres molécules bioactives à plus forte valeur ajoutée. Dont certaines sont connues pour avoir des propriétés bénéfiques sur la peau, le système immunitaire, ou le biotraitement des cultures.Ces travaux ouvrent la voie à une exploitation économique des ulves, et à la transformation de cette biomasse considérée comme une nuisance en ressource. Cependant, les algues échouées sur les plages ne pourront pas être utilisées telles quelles, car elles sont déjà dégradées lorsqu'elles sont récoltées. Seule une solution de récolte en mer est envisageable.
Source : Techniques de l'ingénieur