Test iPad Air M3 : avions-nous vraiment besoin de cette nouvelle tablette ?

À peine 10 mois après le précédent modèle, l'iPad Air revient déjà dans une nouvelle version. Exit le processeur M2, remplacé par une puce M3… et c'est à peu près tout pour les nouveautés de cette tablette tactile, dont on peine à justifier l'existence.

L'arrivée d'un iPad Air M3 est une petite surprise si l'on s'en tient aux habitudes d'Apple concernant sa gamme de tablettes tactiles. Le constructeur avait pour habitude depuis quelques années de ne renouveler ses modèles que tous les 18 à 24 mois (et même jusqu'à trois ans pour l'iPad mini). Les consommateurs ne renouvellent pas aussi fréquemment un iPad qu'un smartphone, et il n'était donc pas urgent pour la marque américaine de mettre à disposition une nouvelle version annuelle de chaque modèle.

Pourtant, moins d'un an après l'iPad Air M2, Apple a jugé bon de renouveler sa gamme de tablettes avec un nouveau modèle en forme de mise à jour. L'iPad Air M3, comme son nom l'indique, arrive avec une nouvelle puce, mais pas la dernière, M4, qui reste une exclusivité des iPad Pro sortis en 2024. Était-ce vraiment bien nécessaire, alors que l'iPad Air M2 était déjà une machine tout à fait recommandable ?

Test réalisé sur un exemplaire prêté par le constructeur.

Design : on prend les mêmes et on (re)recommence

Le design de l'iPad Air M3 ne change pas d'un pouce par rapport à celui de l'iPad Air M2. Apple n'a même pas jugé bon de renouveler les coloris proposés, toujours au nombre de quatre cette année avec des teintes Lumière Stellaire, Gris Sidéral, Bleu et Mauve (le coloris qu'Apple nous a fait parvenir cette année).

La tablette est déclinée en deux versions 11 et 13 pouces. Comme depuis deux générations, le capteur d'empreintes Touch ID est placé sur la touche de mise en marche/mise en veille. Au dos, on retrouve un Smart Connector, trois broches permettant de connecter le nouveau clavier proposé en option avec l'iPad Air.

Que puis-je vous dire de plus ? Ah si, la caméra frontale est toujours placée sur la tranche de droite en format portrait, et vous serez toujours centré lors de vos appels vidéo avec la tablette placée à l'horizontale. Une zone magnétique est enfin située au-dessus de l'objectif pour la recharge d'un Apple Pencil ou Apple Pencil Pro.

Passons rapidement sur ce nouvel étui/clavier pour l'iPad Air M3. Il intègre désormais 14 touches de fonction pour contrôler le volume, la luminosité de la tablette ou pour verrouiller et déverrouiller l'appareil. Le design reste identique au précédent modèle, avec une couche de revêtement doux en silicone. La frappe est assez ferme, mais pas autant que l'excellent clavier pour iPad Pro que j'utilise régulièrement en déplacement, et qui bénéficie en outre d'une base en aluminium plus robuste et premium. On peut quand même saluer la qualité du trackpad, réactif et plus large, et l'intégration d'un port USB-C qui offre une vitesse de charge équivalente à celle de l'iPad, mais déplorer un prix de 349€ qui ne bouge, et reste très élevé à notre gout.

Cet iPad Air M3 possède des finitions impeccables et haut de gamme, mais j'admets m'ennuyer ferme devant ce design qui n'a pas bougé depuis maintenant trois ans. Un peu plus de folie, ne serait-ce que dans le choix des coloris, n'aurait pas été de trop. On doit pourtant se contenter d'une simple mise à jour, avec comme unique amélioration le poids, qui perd un gramme d'une génération à l'autre. C'est dire le changement.

Écran : une dalle LED excellente en tous points, mais qui commence à dater

Comme pour le design, Apple n'a rien touché à l'écran de son iPad Air M3. On se retrouve donc devant une dalle LED Multi-Touch, avec une résolution de 2 732 x 2 048 pixels à 264 ppp, qui couvre la gamme de couleurs P3. L'écran est laminé, contrairement à l'iPad de base, ce qui permet à la tablette de limiter les reflets sous un éclairage fort et d'offrir une image plus nette lors de la navigation.

L'affichage proposé par l'iPad Air M3 reste remarquable, avec un calibrage toujours très maitrisé par les équipes d'Apple. Les couleurs sont très fidèles à la réalité, notamment lorsque l'on regarde des photos. La marque ne pousse pas la saturation outre-mesure pour un rendu plus naturel, sans être terne. Regarder des vidéos est aussi un plaisir, avec une compatibilité Dolby Vision et HDR10.

Malgré tout, on regrette une luminosité maximale de seulement 600 cd/m2 (et les concurrents font souvent bien mieux sur ce point), et surtout une fréquence de rafraichissement toujours bloquée à 60 Hz. Si les utilisateurs d'anciens iPad ne verront pas la différence, ceux possédant un smartphone 90 Hz ou 120 Hz pourront légitimement pester face à une dalle bloquée dans le passé. À ce niveau de prix (719€ pour le modèle 11 pouces standard), une dalle OLED n'aurait pas été du luxe, mais Apple la réserve toujours à ses modèles Pro. C'est un choix marketing que l'on a de plus en plus de mal à entendre, même si, on le répète, l'écran LED de cet iPad Air est à peu près parfait sur tous les tableaux.

Audio : un rendu toujours aussi propre

Côté son, Apple n'a apporté aucune nouveauté majeure sur son dernier iPad Air M3. On retrouve un ensemble stéréo composé de deux enceintes, qui délivre des performances acoustiques similaires à la génération précédente. La restitution sonore met toujours en avant les basses fréquences, avec une emphase prononcée sur les voix et les tonalités graves. Selon Apple, le modèle doté de l'écran de 13 pouces offre toujours un rendu deux fois plus puissant dans les graves par rapport à celui de 11 pouces, les haut-parleurs étant logiquement plus grands. Quant à la sensation d'immersion promise par le son spatialisé, elle se révèle très discrète à l’écoute, sauf sur quelques pistes particulièrement optimisées pour l'effet Atmos.

Concernant les capacités audio, cet iPad Air peut également décoder les fichiers haute résolution Lossless, à condition d'utiliser un casque relié via un adaptateur USB-C, puisqu'il ne possède pas de connectique jack traditionnelle.

Enfin, Apple a introduit des améliorations logicielles tirant parti de l'intelligence artificielle, destinées à améliorer la qualité des communications audio et vidéo. Ainsi, il est possible d'activer une fonction réduisant significativement les nuisances sonores ambiantes, pour des échanges plus nets et plus confortables.

Performances : une augmentation minime pour la puce M3

Comme pour l'écran, impossible pour Apple de déshabiller l'iPad Pro M4 et de proposer la même puce pour sa tablette milieu de gamme. C'est donc la puce M3 qui fait ici son apparition. Le composant, déjà à l'œuvre sur les MacBook Air et MacBook Pro sortis en 2023 et 2024, est composé d'un CPU 8 cœurs avec 4 cœurs de perfor­mance et 4 cœurs à haute efficacité énergétique, d'un GPU 9 cœurs (un cœur de moins que pour les MacBook) et d'un Neural Engine 16 cœurs pour les tâches liées à l'IA et à Apple Intelligence. On note également la présence de 8 Go de RAM, la quantité de mémoire indispensable pour faire tourner Apple Intelligence sur les appareils du constructeur.

La puce M3 était une petite évolution qui offrait un gain de puissance limité par rapport au processeur M2, et cela se reflète sur les benchmarks avec 3043 points en mono-score et 11 778 points en multi-core, soit une augmentation comprise entre 13 et 15 % sur Geekbench. Les possesseurs d'iPad avec une puce M2, et même M1, ne verront pas une énorme différence, mais les clients équipés d'un iPad Air d'avant 2020 en auront clairement pour leur argent.

Dans le cadre d'une utilisation plus globale, la puce M3 fait exactement ce que l'on attend d'elle et s'impose comme l'une des plus puissantes vues sur une tablette tactile grand public. iPadOS 18 réagit comme un charme, et je n'ai pas constaté de latence visible durant mes nombreuses heures d'utilisation. Chaque ouverture d'application est instantanée, les animations sont fluides en permanence, c'est du très beau travail, même si la gamme iPad ne m'a jamais déçu sur ce point.

L'iPad Air M3 est à mi-chemin entre une tablette grand public et professionnelle. Avec un combo clavier/souris et en activant quelques options dans iPadOS, notamment le mode Stage Manager, on peut le transformer rapidement en simili-PC portable. Avec une connexion Wi-Fi 6E, les débits sont excellents, et Apple propose en outre une version compatible avec le réseau 5G de votre opérateur, après l'ajout d'une carte eSIM. J'utilise fréquemment un iPad pour travailler en déplacement, et avec quelques concessions et des habitudes à prendre, l'appareil fait le job pour des tâches bureautiques, de la création photo et même un peu de montage vidéo.

Dans les jeux vidéo, la puce M3 est tout aussi performante. J'ai testé plusieurs titres, dont les traditionnels Genshin Impact, Diablo Immortal, et même Fortnite (merci la régulation européenne et les apps store alternatifs), et à chaque fois les jeux peuvent être lancés avec des réglages graphiques poussés à fond, et avec un framerate constant de 60 fps. La batterie en prend un coup, mais l'expérience est plus que satisfaisante. La puce M3 gère aussi le ray-tracing de manière matérielle dans les titres compatibles.

Logiciel : un soupçon d'intelligence qui se fait attendre

L'iPad Air M3 à sa sortie sera livré avec iPadOS 18.3, et non, vous ne profiterez pas si vous faites partie des tout premiers acheteurs d'Apple Intelligence. iPadOS 18.4 sera proposé au téléchargement au tout début du mois d'avril, et apportera dans ses bagages l'intelligence artificielle d'Apple qui apporte un petit vent de fraicheur au système d'exploitation de la tablette. Je teste depuis quelques semaines sur un autre iPad la suite d'outils IA de la marque américaine, qui intègre des outils d'écriture, les émojis personnalisés par IA appelés Genmoji, un générateur d'images ou encore une nouvelle interface à Siri avec l'ajout de ChatGPT pour les questions les plus complexes. Après un sacré retard à l'allumage, Apple Intelligence est enfin traduit intégralement en français et peut servir de manière ponctuelle ou plus régulière, pour notamment résumer ses notifications de manière automatique ou filtrer les notifications.

Pour le reste, iPadOS 18 est une stricte continuation des précédents efforts d'Apple sur le logiciel. L'interface n'a pas changé d'un iota, ou presque, et les utilisateurs historiques d'iPad ne seront pas dépaysés. Apple s'est contenté ces derniers mois d'ajouter quelques fonctions finalement pratiques, comme une calculatrice boostée à l'IA pour vous afficher automatiquement les résultats de vos opérations écrites à l'aide d'un Apple Pencil.

On passera rapidement sur l'Apple Pencil Pro, compatible avec l'iPad Air M3 et que nous avions déjà évoqué longuement dans notre test de l'iPad Pro M4 en mai 2024. Le stylet est proposé en option, mais peut s'avérer rapidement indispensable si vous utilisez l'iPad pour dessiner ou annoter des documents dans le cadre de votre profession. J'apprécie sa très grande réactivité et sa précision, même si je l'utilise peu au quotidien.

Photo : cinq années sans mise à jour, c'est un peu long

C'est le quatrième iPad Air que je chronique pour Clubic, et depuis 2020 je me répète en abordant la partie photo. Ce n'est malheureusement pas avec l'iPad Air M3 que je renouvellerai cette section, Apple n'ayant visiblement plus à cœur d'apporter la moindre modification à son capteur principal. On retrouve encore ce bon vieux capteur 12 mégapixels, avec une ouverture ƒ/1,8, un traitement Smart HDR 4 et un zoom numérique jusqu'à 5x, sans oublier un flash pour les photos de nuit.

Sans surprise, notre avis sur le capteur photo dorsal de l'iPad Air M3 sera strictement le même que celui du modèle précédent et des autres avant lui. L'appareil délivre des images fines, avec une restitution des couleurs fidèle à la réalité. Si Apple a pu être pointée du doigt par le passé pour un rendu assez fade, c'est de l'histoire ancienne avec des teintes pêchues, sans pour autant être exagérées à l'écran. Le tout manque un peu de contraste et peut paraitre plat, il faudra en passer par les réglages de l'application Photos, ou de tout autre logiciel de retouche, pour redonner un peu de profondeur et de caractère.

Le zoom 2x est numérique, et même avec suffisamment de lumière, un bruit numérique et une perte de détails est immédiatement visible. Plus loin, l'image devient presque inexploitable L'iPad Air M3 n'est tout simplement pas conçu pour cela, et se destine uniquement à quelques images sur le pouce, ou pour scanner des documents. On peut tout de même noter la capture vidéo 4K à 60 images/seconde si vous devez réaliser de petits clips à partager rapidement.

Le capteur à l'avant est toujours une caméra 12 mégapixels FaceTime, avec la fonction Cadre centré, une ouverture ƒ/2,0 et un enregistrement vidéo 1080p jusqu'à 60 images/seconde. Là encore, le capteur est satisfaisant lors d'un appel vidéo avec FaceTime, Google Meet et les autres plateformes de visioconférence.

Autonomie : près de 11 heures d'utilisation

On aurait pu penser que le processeur M3 allait apporter une petite amélioration concernant l'autonomie de cet iPad Air M3, mais Apple reste toujours aussi prudente et annonce 10 heures d'utilisation en continu.

J'ai pu monter jusqu'à 11H d'utilisation sur une seule charge, en passant des jeux vidéo au streaming à la navigation web et un peu de bureautique, dans la droite lignée du précédent modèle. L'iPad Air M3 reste une machine suffisamment économe en batterie pour tenir une journée complète de travail à l'extérieur sans vraiment se soucier de la charge. Seul le gaming peut mettre à mal la batterie, lorsque le GPU est fortement sollicité. Il faudra voir dans les semaines à venir l'impact d'Apple Intelligence sur l'autonomie.

A noter que le bloc secteur 20W USB-C n'est pas fourni avec la boite, on en a maintenant l'habitude, et que la charge prend toujours 2H30 pour passer de 0 à 100 %. On peut également bloquer la charge à 80 % pour améliorer la durée de vie de la batterie, ce que je vous conseille chaudement pour réduire le nombre de cycles, et conserver votre iPad Air plus longtemps.