Tesla a envoyé une lettre à la Maison-Blanche pour alerter sur les risques des hausses de droits de douane, qui entre en contradiction avec les prises de position de son PDG Elon Musk, allié de Donald Trump.

Le constructeur automobile Tesla semble être dans une position délicate. Dans une lettre non signée adressée au représentant américain au commerce Jamieson Greer, l'entreprise d'Elon Musk met en garde contre les effets « disproportionnés » des mesures commerciales américaines. « C'est une façon polie de dire que le régime tarifaire bipolaire nuit à Tesla », a confié une source au courant de la missive au Financial Times. Alors que le PDG de Tesla est un allié clé de Trump, en ayant contribué à hauteur de 250 millions de dollars à sa campagne, la situation est pour le moins embarassante.
Une guerre commerciale qui nuit à Tesla
Selon le Financial Times, aucun employé n'aurait osé signer cette lettre, craignant le sort de Jared Ottmann, ingénieur licencié en février pour avoir critiqué une « blague » controversée de Musk sur X mentionnant des dirigeants nazis. Le document envoyé à Washington souligne que malgré « une localisation agressive de la chaîne d'approvisionnement », il reste « difficile, voire impossible » de s'approvisionner entièrement aux États-Unis pour certains composants.
L'augmentation des droits de douane menace de « surenchérir les coûts de fabrication » des véhicules Tesla aux États-Unis, ce qui réduirait leur compétitivité à l'exportation. L'entreprise s'inquiète plus particulièrement de la hausse potentielle des prix du lithium et du cobalt importés, des éléments cruciaux pour ses batteries.
Cette prise de position semblait, du point de vue d'une partie de Tesla, indispensable compte tenu de l'escalade commerciale. L'Union européenne a annoncé des droits « forts mais proportionnés » sur plusieurs produits américains dès le mois d'avril, le Canada menace de taxer l'acier et l'aluminium. Et le président américain Donald Trump, lui, vient d'imposer 200% de taxes sur les vins, champagnes et spiritueux français et européens.
Des ventes en chute libre et une image dégradée
Les résultats commerciaux de Tesla ne sont pas bons sur ce début d'année 2025, avec des ventes en chute de 44% en France et Norvège, de 51% en Chine et même de 76% en Allemagne en février, son pire résultat depuis deux ans et demi.
L'action Tesla a perdu la moitié de sa valeur depuis son pic du 17 décembre. Son action, qui culminait à 480 dollars avant les fêtes de Noël, est tombée jeudi à 240 dollars. L'entreprise est même, d'après nos constatations, pas si loin de se faire éjecter du top 10 des firmes les plus valorisées au monde.
Le spécialiste Chris McNally, d'Evercore ISI, prévoit désormais des livraisons de 1,75 million de véhicules en 2025 pour Tesla, inférieures aux 1,79 million de voitures vendues en 2024. Si la suspension des livraisons du Model Y explique partiellement ce recul, de nombreux analystes pointent l'image controversée d'Elon Musk, « entre saluts nazis et décisions autoritaires envers les agences fédérales », comme facteur déterminant.
Donald Trump bien a tenté un geste symbolique lundi en déclarant « Je vais acheter une Tesla toute neuve en signe de confiance et de soutien à Elon Musk ». Mais les dirigeants opérationnels semblent plutôt attendre une révision de sa politique commerciale.